Comment je fais mes planches de BD

Hello !

On m'a demandé de faire un article pour expliquer comment je fais mes planches de BD.

Mais il faut savoir que je ne suis pas une professionnelle... tout en étant pas non plus une débutante...

Disons que je suis une apprentie.

Donc la manière dont je procède pour faire mes planches n'est pas vraiment mauvaise,

mais ce n'est pas non plus la formule miracle.

Je pense que si vous voulez faire votre propre BD, renseignez-vous en lisant d'autres articles que celui-ci, pour voir toutes les possibilités qu'il existe pour créer sa bande-dessinée.

Perso, je vous conseille ces deux articles :

https://www.superprof.fr/blog/creation-d-un-comic-comment-faire/

http://adedessine.blogspot.com/2015/08/partie-1-la-conception-comment-faire-sa.html

C'est parti !

 On va se baser sur une scène que j'ai écrite exprès pour l'article.

1 : Le script

Le script, c'est la base de tout, d'un film, d'un Manga, d'une BD...

Après, je n'ai pas vraiment de conseil particulier pour cette étape. Moi, je l'écris comme un roman :

"La porte s'ouvre violemment et des gardes entre dans la maison tout aussi brusquement.

• Qui est Ephéméra ?! Garde

• Moi. 

Les deux gardes se tournent vers un jeune garçon, au fond de la pièce. 

• Suivez-nous ! Garde

• Pour allez où ? Ephéméra 

Les gardes lui sautent dessus."

Mais après, vous pouvez décrire exactement chaque scène, chaque case, comme,

par exemple, mon amie (qui fait aussi une BD) qui écrit son script ainsi :

Case n°1

Les gardes entre en ouvrant la porte.

• Qui est Ephéméra ?!

Case n°2

On voit la pièce du point de vue des gardes. Ephéméra est au fond.

Case n°3

Ephéméra en gros plan.

• Moi.

Case n°4

Le garde en gros plan. Il fait signe à Ephéméra de le suivre. 

• Suivez-nous.

Case n°5

Les mains d'Ephéméra qui tremble en tenant la tasse. 

• Pour allez où ?

Case n°6

Les gardes se jettent sur lui."

2 : Le story-board

Le story-board consiste à dessiner le brouillon de la planche rapidement pour ensuite s'en servir de guide. Mais il sert aussi dans le cinéma, par exemple, pour réaliser les scènes.

Personnellement, je pense qu'il vaut mieux en faire un, quoi qu'il arrive, quoi qu'on écrive.

Mais comme mon amie décrit déjà chaque case dans son script, elle a décidé de ne pas en faire. 

A gauche, le storyboard d'Akénor, environ 158 pages. A droite, le storyboard pour la planche test.

Quand je fais le story-board, je relis le script en imaginant la scène comme un film, et je re-dessine les scènes en adaptant la taille et la forme des cases avec la situation. 

J'ai choisi de faire mes story-board sur des feuilles A5 parce que ça prend moins de place. Mais comme une BD, habituellement, est en format A4, c'est à vous de voir.

Je ne fais pas de ''gaufrier''.

Le gaufrier consiste à faire des planches en répétant toujours la même case. Mais d'après mes recherches, c'est plus utilisé pour les BD humoristiques ou bien les Comics Américains. 

Pour les BD d'aventure, on retrouve plus des planches aux cases adaptées au situation, pour que lecteur comprenne bien ce qu'il se passe.

A la fin de cet article, je vous ai mis une petite analyse d'une planche d'Akénor pour montrer l'intérêt de varier les cases.

3 : Dessiner les cases

Pour Akénor, je fais toujours un cadre 1 cm plus petit que la feuille (pour l'impression), comme ceci :

Et je laisse toujours un espace d'environ 5 mm entre les cases. 

Pour les cases, donc, je recopie les formes et les tailles des cases de mon story-board.

Je ne l'ai pas fait dans La Jeune Fille Sans Mains, parce que je voulais gagner du temps, cela n'a pas gêné pour l'impression mais je trouve que le rendu est moins aéré, et moins professionnel. Il faut juste se dire qu'une BD prend du temps à être réalisée.

Bref. Ensuite, j'encre mes cases avec un stylo Stabilo Sensor, pointe 0,3, et j'efface le crayon de papier pour obtenir ceci :

4 : Remplir les cases

Cette étape-là devient plus difficile. Enfin surtout pour les débutants, et même pour les apprenti(e)s ! 

Il faut savoir dessiner.

Je prends mon story-board, tout en gardant un oeil sur le script, et je dessine les personnages dans la même position et avec les mêmes décors que sur mon petit guide. Comme ceci :

Sur le story-board, on peut voir une forme qui cache le bas des jambes des gardes. C'est la bulle qui devrait se placer juste ici, à l'avenir.

Moi, je ne dessine pratiquement jamais les bulles dans mes planches. Je préfère les ajouter après, une fois le dessin terminé. Je vous montre un peu plus loin 2 de mes techniques pour rajouter les bulles. 

Après, j'ai 3 de mes amies, qui font des BD aussi, qui dessinent leurs bulles directement dans les cases.

Bon, bien sûr, quand je parle de mes amies qui font des BD, se sont des passe-temps, elles ne sont pas pros.

Enfin, le plus important, dans une BD d'aventure, c'est de varier les plans.

3/4, profil, face... Plan éloigné, gros plan...

Dans les BD humoristiques, varier les plans n'est pas utile.

J'insiste parce que c'est quelque chose que j'ai mis du temps à comprendre et qui, quand je m'y suis mise, a augmenté la qualité de mes planches.

Une fois le croquis terminé, j'encre avec un micro pigment Sakura, pointe 02. 

Pour les couleurs, j'utilise des feutres à alcool de plusieurs marques : Promarker, TwinMarker, Graph'it*.

Je fais tout d'abord une base de couleurs, comme ceci :

Et ensuite, je fais les ombres et je rajoute les Speedline**.

Pour les ombres, je les fais de 3 manières différentes :

1: Je les fais avec des crayons de couleur plus foncés, comme sur les armures marrons des gardes.

2: Je repasse juste une couche du même feutre pour assombrir, comme sur les tuniques beiges ou sur la peau du garde mat.

3: Je prends un feutre plus foncé, comme sur la peau du garde blanc.

Et je recommence pour chaque case. J'aime mieux dessiner, encrer et remplir une case au lieu de faire toute la planche au crayon, ensuite tout repasser au noir pour ensuite tout remplir. Mais j'ai une amie qui fait comme ça.

N'hésitez pas à mettre du mouvement, à réfléchir aux expressions...

Là, j'avais envie que le garde soit tout énervé alors que le garçon est surpris, démuni, immobile. Au début, il ne devait pas avoir les cheveux mouillés, mais je trouvais que ça allait bien dans l'idée qu'il ne s'attendait vraiment pas à de la visite.

Pour les reflets dans les yeux et dans les cheveux, et aussi pour la fumée, j'ai utilisé un stylo à gel blanc Uni-ball.

Voici la planche presque finie :

5 : Les bulles

Sois je les rajoute à l'ordinateur, avec l'aide du logiciel Gimp 2.6, sois je les découpe sur une feuille, j'écris le texte et je les colle par dessus :

Voici la planche terminée :

Je n'ai pas fait de 2e version avec les bulles faites à l'ordi, parce que vous voyez déjà le résultat dans Akénor ou La Jeune Fille Sans Mains.

Comme promis, voici l'analyse de la planche n°1 du tome 2 d'Akénor :

Premièrement, on a une petite case pour montrer le visage d'Ariste et son expression de panique.

Ensuite, une grande case toute en longueur pour montrer ce qui a choqué Ariste : le monstre. J'en profite pour situer Ariste et bien montrer qu'il est dans son dos.

Puis, deux petites cases pour montrer la blessure de la bête, et le poignard d'Ariste.

Une nouvelle petit case pour montrer qu'Ariste s'élance. Cette petite case est importante pour montrer le mouvement, mais elle ne doit pas être trop grande, ça n'aurait pas de sens.

Une case plus grande pour voir le monstre hurler.

Ensuite, une case tout en longueur, avec un plan large, pour voir Ariste qui atterrit et le monstre qui s'écroule.

Une case avec le poignard en gros plan pour que le lecteur comprenne bien ce qu'il vient d'arriver.

Ariste qui découvre qui il vient de sauver, on rajoute des Speedline pour bien montrer l'effet de surprise.

Quelques plans d'Ayélo sans la montrer en entier pour garder un peu de suspens.

Ariste sidéré, déconcerté, étonné, enfin tout ça en même temps.

Voilà ! J'espère que cet article vous aura aidé !

Good Bye !

* Graph'it : C'est une marque de feutres à alcool qui a arrêté,

on peut encore en trouver en magasin, mais il sera de plus en plus difficile d'en trouver.

** SpeedLine : Traits pour signifier un mouvement ou dramatiser une scène en BD.